Pour des jeunes filles, sur le thème de l’éducation affective et sexuelle, il est difficile de trouver des espaces de parole collective ou individuelle en dehors des psy ou des murs de l’hôpital ou de l’école. Un groupe de parole donne à des jeunes filles la possibilité de parler, dans un cadre différent : un bistrot associatif, un espace où la parole peut se libérer, dans l’anonymat, la convivialité, la confidentialité, et le respect pour qu’ensuite, le cas échéant, les professionnels de la santé puissent venir jusqu’à elles et répondre à leurs interrogations.
Droits, respect, responsabilité Ce groupe de parole s’appuie sur l’échange, l’accès à la connaissance, pour mieux comprendre. Apprendre à connaître et à nommer ses émotions, à vivre avec les autres, n’est pas inné. Etre responsable de soi même et de sa relation aux autres, c’est savoir ce qu’est un engagement dans la vie, c’est apprendre à devenir responsable de son corps, de celui des autres et tout ça dans un projet de vie. Il est à mes yeux primordial que ces jeunes mettent des mots sur leurs droits et sur le respect qui leur est dû, leur permettre de développer le jugement, l’esprit critique et le sens des responsabilités.
Comment ça marche ?
La préparation et le déroulement reposent sur 4 points clés :
1- Les jeunes filles qui viennent au groupe de parole choisissent les thèmes qu’elles veulent aborder. La dernière rencontre du groupe de 12-15 ans est un bel exemple illustrant la manière dont les choses se déroulent : une jeune fille a fait une tentative de suicide en décembre dernier. Avec son accord le groupe décide de parler « du mal de vivre » pour la prochaine rencontre.
Les questions qui émergent lors d’une séance peuvent faire l’objet du contenu de la prochaine. Nous proposons des outils d’animation adaptés à leur âge, favorisant des temps de parole équitables, et la conscience de la parole de l’autre.
2- Un temps est nécessaire pour instaurer un climat de confiance pour libérer une parole où règne le respect de l’intimité et de la pudeur de chacune, mais il n’est pas exclu qu’elles laissent une place lors de ces rencontres à ce qu’elles vivent de manière quotidienne (école, chômage, vie de couple, solitude…).
3- Nous incitons les jeunes filles à mieux connaître leur corps afin d’améliorer l’estime de soi. Si elles maîtrisent et le respectent leur corps, apprennent à nommer leurs émotions, à vivre avec les autres, elles peuvent ainsi mettre des mots sur leurs droits et la dignité qui leur est due. De ce fait elles peuvent développer leur jugement, leur esprit critique et le sens des responsabilités.
4-ces rencontres sont pour les intervenants une possibilité de sensibiliser ces jeunes dans un cadre différent, plus décontracté que celui de l’école, des C.M.S. ou de l’hôpital. Elles ont pour objectif d’apprendre aux jeunes à consulter ces professionnels sur leur lieu de travail selon leurs problématiques spécifiques. Elles favorisent aussi l’identification des freins qui empêchent ces jeunes de se rendre sur des lieux ressource auxquels elles s’adressent souvent quand il est trop tard (grossesse non désirée, consommation de produits illicites, tentatives de suicides…)
On utilise des outils assez variés pour amener une parole, une conseillère conjugale peut être amenée à intervenir sur le thème des sentiments amoureux, du couple… Il a fallu instaurer un climat de confiance avant de commencer à parler d’éventuelles interventions de professionnels qui pourraient venir répondre à leurs questions.
Participantes : jeunes filles de 12 à 25 ans, animatrices, éducatrices, sexologues, sage femmes, psychologues, conseillères conjugales, formatrices en développement de la créativité, infirmières, gynécologues…
Principales sources de financement : DRASS dans le cadre du Programme Régional d’Education pour la santé ; Direction Régionale du droit des femmes et à l’égalité.
Moyens de communication : plaquettes d’information sur l’existence de ces groupes de paroles, article paru dans une lettre d’information d’un réseau qui travaille sur la parentalité… bouche à oreille et sensibilisation auprès des mamans et des partenaires.
Avec quels résultats ?
En termes de résultats, on peut déjà observer plusieurs choses :
Nous commençons à savoir ce que nous voulons vraiment en contenu d’intervention, ce que nous cherchons à comprendre, et à qui demander d’en parler. Un réseau d’intervenants se tisse au fur et à mesure.
Vue la fréquentation de plus en plus dense des soirées à thème, nous répondons sans doute à une réelle demande en terme de circulation des savoirs et de partages des expériences
Même s’il est difficile d’évaluer au niveau qualitatif, pour l’instant, l’impact des actions auprès des groupes de jeunes filles, on peut supposer, vue l’assiduité et le sentiment de confiance que chaque jeune fille semble manifester, que les échanges qui s’y déroulent, leur apporte des réponses qu’il est souvent impossible de trouver seule.
Ce groupe de parole ont donné naissance à un projet d’exposition collective, assuré par 7 jeunes filles âgées de 18 à 25 ans, sur le thème du V.I.H et des M.S.T. Cette exposition du 1er décembre a été visitée par 200 personnes environ. Elle a donné lieu à une discussion animée par une infirmière autour du sida et de l’amour, où des adultes et des plus jeunes ont participé de manière interactive.