imaginer la Terre en 2100

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«Pour changer le futur, il faut d’abord l’imaginer.»

« Durant ma vie, j’ai vu :
·    New York placée en quarantaine,
·    Le Midwest dévasté par des parasites,
·    La peste balayer la Californie, (…)
Nous sommes en 2100, et j’ai survécu.»

ABC s’est creusé la tête pour cette émission spéciale destinée à imaginer la Terre en 2100. Jouant la carte de la prospective et pas celle de l’anticipation, «Earth 2100» propose au choix :

  • Le scénario du pire, un lent, mais inexorable retour à quelque chose proche du Moyen Age, avec des tensions beaucoup plus violentes pour l’essentiel, une dégringolade le long de l’échelle de Maslow.
  • La vision optimiste, qui implique une implication massive du public, des entreprises et des gouvernements (j’ai un mauvais pressentiment). En épousant, sans réserve, le discours du développement durable et planétaire comme seule solution possible pour éviter la 1ère hypothèse, ABC effectue un choix courageux, surprenant pour un des trois networks historiques US (en tout cas vu de ce côté de l’atlantique). Petit plus qui ne gache rien, le montage est assez agréable, bien éloigné du syndrome de Tourette usuel dans ce type de production télévisuelle.

2009 : Les bons vieux jours
Lucie n’existe pas, elle a été inventée par les scénaristes de ce show, elle sert de fil conducteur à ce voyage dans le XXIe siècle, de guide à travers ce voyage dans le temps.
Lucie est née en juin 2009, et même si lors de ses premières années, l’intensification des efforts pour réduire les émissions de Co² et privilégier le développement durable a drastiquement augmenté, cela n’a pas suffi pour stopper le réchauffement de la planète.
En 2014, Lucie connaît « l’été des libellules», une invasion de ces insectes originaires de Cuba, remontants le long des Etats-Unis pour échapper à l’élévation des températures de leur biotope habituel. C’est le 1er épisode, encore assez sympathique, d’une longue série de bouleversements qui vont durablement changer le visage de la Terre.

La hausse du pétrole, touche de plein fouet l’american way of life en attaquant le couple infernal banlieue+voiture, l’américain moyen revient massivement vivre en ville.
En 2015, Les USA sont frappés par les 1ères pénuries d’essence et Miami est effacée de la carte par Linda, un ouragan de force 5, la population du Bangladesh se réfugie en masse au Pakistan pour échapper à des typhons exceptionnels.
Les rapports Nord/Sud se délocalisent sur la problématique du droit à produire/polluer, à la recherche d’une nouvelle équité.

2030 Le nouveau ‘normal’
Restriction et rupture d’approvisionnement pour des produits indispensables, comme… l’eau, déplacement de population et pression de l’émigration  exponentielle, à faire retourner Besson au PS)

2040 La bascule
Affrontements sociaux violents et choix de l’autarcie pour des communautés entières ou des immeubles new-yorkais

2070 Grosses réparations
La libération du Co² après la fonte du permafrost accélère dramatiquement le réchauffement planétaire, la température augmente globalement de + 4°.

2074 Plan B
Dans un ultime essai d’enrayer la catastrophe, une opération à la Matrix, destinée à créer un bouclier cosmique, échoue.

Scénario crédible, ton sobre, une illustration visuelle qui possède un petit coté ‘Koyaanisqatsi’, des animations graphiques qui rappellent  ‘Waltz with Bashir’ et des interviews intéressantes, Earth 2100 est une vraie réussite.

Mention spéciale à James Howard Kunstler (La longue urgence), pour cette phrase : « Un homme politique américain* a déclaré récemment, le mode de vie américain n’est pas négociable, mais nous allons découvrir, à la dure, que quand on ne veut pas négocier, les circonstances vous envoient un nouveau partenaire de négociation, la réalité. Et elle va négocier pour vous, vous n’avez même pas à être la. »

En plein sommet de Copenhague, et alors qu’un accord ne semble encore une fois  pas au programme, Earth 2100, qui anticipe le vrai 1er traité international pour 2015, semble déjà avoir touché juste.

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