Les limites de l’autonomie il y en a autant que notre peur nous inspire. Et comme nous vivons dans une société anxiogène qui instrumentalise la peur, les limites invoquées à l’application de la Pédagogie du Projet sont légion.
C’est finalement notre peur qui coupe court à tout argumentaire biophile, vivant, constructif, humain et donc pédagogique. Vaincre sa peur existentielle est une tâche qui incombe à chacun de nous de manière individuelle, de manière tout à fait personnelle, elle implique donc d’être aussi seul face à soi-même.
Ici il s’agit de faire le choix entre la confiance ou l’angoisse qui nous inspire la vie.
C’est ainsi que nous rentrons dans la philosophie existentialiste et ses diverses pistes de réflexion. Celle-ci peut être abordée de manière pédagogique et même de manière concrète en analysant des situations de vie diverses et multiples de nos vies quotidiennes. Mais ce travail d’analyse et de conscientisation ne peut pas se substituer à notre choix personnel face à la contingence et la non-nécessité de notre existence (ce n’est certainement pas un hasard que certaines personnes passent leur vie à l’analyser sans oser la vivre).
Il semblerait que nous sommes nombreux à faire le choix de l’angoisse qui par la suite alimente nos divers comportements en fonction de nos stratégies socio-affectives. Beaucoup prônent la fuite dans une consommation abrutissante, destructrice et sans limite, d’autres (mais ce qui revient en dernière analyse au même) fuient dans le giron des églises et des sectes qui poussent comme des champignons. Enfin ceux qui ont les moyens financiers s’érigent en « maîtres du monde » avec leur scomportements dangereux de mégalomanes.
En contrepartie le désespoir qui peut envahir l’humaniste face à la marche du monde, nous semble venir du fait que la confiance dans la vie ne s’enseigne pas. Bien au contraire elle se crée de manière tout à fait personnelle en construisant sa vie. La Pédagogie du Projet ne peut donc pas inspirer cette confiance qui revêt un caractère absolu pour celui qui la ressent. Et heureusement elle ne peut pas se substituer à la nécessité individuelle de faire preuve d’un peu de courage pour rendre sa vie riche de vécu, inspirant ainsi peut-être aussi, à d’autres, l’intuition d’une vie plus heureuse car plus courageuse.
Elle peut cependant être un catalyseur pour ceux qui dans son bagage conceptuel et opératoire aperçoivent un outillage utile sur le chemin de leur autonomie.