Dans notre société de l’information, le rôle des médias est essentiel. Ce sont eux qui nous donnent une vision du monde qui nous entourent. Leur rôle éducatif est considérable. Comment favoriser l’émergence de médias au service des citoyens ? L’atelier consacré à la presse écrite a initié une analyse et un débat, qui doivent être étendus à l’audio visuel, incomplètement abordé à ce stade. Le groupe a fait plusieurs propositions qui sont restituées ici.
Un atelier « presse écrite et éducation à la citoyenneté » s’est réuni au sein de Rencontres de Lille les 7 et 8 Février 2004. L’objectif était de réfléchir au rôle et à la portée de la presse écrite dans l’éducation à la citoyenneté et aux possibilités de susciter des projets d’action permettant de faire émerger une presse porteuse d’éducation citoyenne libératrice.
QUELLE PRESSE ÉCRITE
POUR QUELS CITOYENS ?
Une réflexion articulant la presse écrite et l’éducation à la citoyenneté sous-entend la prise en compte du public naturellement destinataire d’une éducation, à savoir les enfants, les jeunes, mais également du public adulte, dans la mesure où le constat d’une démobilisation, d’un repli sur l’individualisme sont des faits de notre société qui appellent à susciter un rebond de la citoyenneté.
Dans quelle mesure la presse écrite peut-elle aider à la construction d’une citoyenneté active ?
Il nous a semblé utile dans un premier temps de dresser un état des lieux même sommaire et rapide, avant de nous interroger sur le fonctionnement de cette presse et de tenter d’identifier des possibilités d’actions du côté du citoyen, comme du côté de la presse.
1-ETAT DES LIEUX
Du côté des lecteurs
Un premier constat concerne la fascination exercée par l’audiovisuel qui tend à dominer par l’ampleur de son public la presse écrite, laquelle se trouve en état de faiblesse. Le journal télévisé, média dominant, (tous les jours 25 millions de Français regardent TFI) est devenu pour un grand nombre de citoyens le seul média pratiqué. Du point de vue de son audience, la presse écrite française est au 18ème rang mondial.
Un deuxième constat concerne le malaise des citoyens face à la presse écrite : déception devant l’évolution de cette presse dont la qualité de l’information ne répond pas toujours à l’attente des lecteurs et aux moyens techniques de communication qui devraient permettre rigueur, précision, ouverture.
Trop souvent limitée à l’hexagone, elle semble devenir le miroir d’une information télévisée, dont elle adopte le sens du sensationnel et la réduction à des clichés. La culture de l’audio visuel a rejailli sur l’écriture des articles de journaux. Il suffit de se reporter aux articles des années soixante dix pour prendre conscience de la dégradation progressive de l’information y compris dans les quotidiens dont la réputation de sérieux a été ébranlée par des mises en questions récentes.
Mais l’insatisfaction et la critique ne sont pas générales. Le malaise du lecteur correspond à une petite part de la population, la majorité paraît davantage dans une attitude de réception proche de la crédulité (comme vis à vis de la télévision « c’est vrai puisque c’est écrit dans le journal »).
D’autres enfin sont des lecteurs très occasionnels et la question se pose alors des moyens d’augmenter le nombre de lecteurs.
Du côté de la presse écrite,
et plus particulièrement des quotidiens
L’évolution de cette presse peut donner le sentiment qu’il n’y a plus d’expression d’opinion manifestant des choix tranchés : l’Humanité est tiré à 50 000 exemplaires, Témoignage Chrétien et Politis à 12 000 chacun. La presse écrite donne plutôt à découvrir un consensus mou qui ne contribue pas à l’émergence d’un débat riche aux enjeux clarifiés, et est au contraire démobilisateur.
Cette faiblesse de la presse écrite est aussi une faiblesse financière. La majorité des titres sont la propriété de groupes qui n’ont pas pour intérêt premier une information au service du citoyen. Les groupes Dassault, Lagardère, LVMH, Pinault etc.. ne sont pas des professionnels de la presse. Ils ont acquis les journaux dans une perspective économique d’investissement, de rentabilité, et de maîtrise de l’opinion). De ce fait la presse n’a pas les moyens de son développement, de sa croissance et de ses ambitions, ce qui a des conséquences sur son contenu et ses méthodes.
La presse écrite est en état de sous-capitalisation, ce qui la réduit à un état de survie minimum. Or la presse est une industrie coûteuse tant par sa fabrication qu’il s’agisse de la matière première ou du coût salarial des journalistes que par sa diffusion. Les exigences financières expliquent pour partie l’évolution de la fabrication des journaux, notamment pour ce qui concerne les moyens dont disposent les journalistes pour travailler .
Il faut mentionner notamment le rôle de la publicité, financeur qui tient les journaux et qui, loin d’être neutre, n’est pas sans conséquence sur la qualité et le contenu de l’information – incidence d’autant plus manifeste qu’il n’y a qu’une seule agence de publicité pour toute la presse française. Il suffirait de s’opposer aux intérêts des annonceurs pour tarir le robinet financier.
Enfin l’autre pesanteur financière dont il faut tenir compte, c’est le poids de la diffusion. L’organisation de cette diffusion fait que le retour des journaux coûte très cher. A cet égard, c’est l’abonnement qui garantit une marge d’indépendance de la presse.
La presse : une marchandise comme une autre ?
Considérée sous cet angle du financement, on peut en effet s’interroger sur l’objectif de la presse : économiquement parlant, l’objectif de la presse n’est pas de donner à lire, il est de vendre un produit, vendre du papier à partir de l’idée que l’on se fait de son lectorat.
A la limite, quand les journaux sortent, peu importe qu’ils soient lus : le gros du contrat est réalisé, c’est à dire la fabrication du journal qui a donné lieu à l’investissement financier correspondant.
La presse serait une activité économique comme une autre, avec des phases de rentabilité comme entre 1999 et 2000 où elle a gagné en vivant sur l’argent de la nouvelle économie, et des phases de pertes financières comme c’est le cas actuellement.
2-LA FABRICATION DE L’INFORMATION
Les lecteurs de la presse écrite que sont peu ou prou les citoyens −et il faudra bien se poser la question de ceux qui ne lisent pas− ont intérêt à comprendre comment se fabrique un journal pour avoir une plus grande maîtrise de l’information, et pour ne pas être réduits à ce rôle de consommateurs.
L’information est faite par une équipe d’hommes et de femmes, qui ne sont ni des actionnaires, ni des lecteurs mais des journalistes, des professionnels de la recherche et de la transmission de l’information. Le choix des sujets traités a lieu lors de la conférence de rédaction qui décide de l’événement et de l’enquête à réaliser.
Or la tendance actuelle privilégie la dénonciation au détriment de l’enquête. Elle se fait ainsi l’écho de l’émergence de courants qui contestent l’ordre établi mais n’apportent pas la richesse, la précision, la finesse de l’approche que procure la rencontre avec les acteurs sur le terrain.
Soumise à des pressions productivistes, à la réduction du nombre de journalistes, la presse écrite n’a pas les moyens de travailler en diversifiant ses sources d’information.
Dans une période de développement des technologies de l’information et des moyens de communication, la tendance est de faire des journaux en s’appuyant sur Internet plutôt qu’en allant voir les gens qui vivent les situations. On prend contact avec les élus savent communiquer, savent très bien préparer leurs interventions (la facilité allant même jusqu’ à reproduire le texte préparé par les élus, pratique du copier/coller).
Il en est de même avec les délégués syndicaux accessibles par téléphone, un procédé plus rapide qu’une rencontre sur le lieu de travail avec des salariés Mais on y perd en diversité, en complexité de points de vue.
Bien sûr, il y a comme dans l’audiovisuel le saupoudrage de quelques bribes de micro-trottoirs, qui comme chacun le constate n’apportent rien qu’une caution de pseudo réalité : le micro trottoir étant la source d’information la plus dégradée. En effet, sous prétexte de fournir une information brute, exempte ainsi de toute manipulation, ils ne donnent à entendre et à voir que des propos souvent dénués de réflexion (même si ces réactions sont intéressantes à analyser). Elles constituent le moyen utilisé dans les publicités de lessives ou des gags télé, ce qui les discrédite en tant que moyens d’information.
Peut-être faut-il reconnaître une tendance à un certain manque de courage des journalistes, certains parleront de paresse, à aller au-delà des opinions entendues.
Finalement les médias deviennent les miroirs les uns des autres. Devant cette similitude de traitement la tentation devient grande d’éteindre radio et télévision pour partir à le recherche d’autres sources d’information.
Tout serait-il dit dans ce constat ?
Faudrait-il renoncer à une presse de qualité, parce que moyens financiers, et techniques inclinent à une tendance lourde vers la simplification des analyses et des restitutions, à la reprise des mêmes dépêches sans le travail « artisanal », le « cousu main » du journaliste qui a mis sa marque dans une recherche, une enquête, une écriture?
Ce ne sont pas les échos de la formation des nouveaux, des jeunes journalistes qui lèveront cette chape défaitiste mais un autre constat : celui des augmentations de vente lorsque des dossiers sont mieux traités. Les lecteurs seraient moins dupes et moins passifs que l’on pense : on a constaté une augmentation de la vente du Parisien à Paris et dans les banlieues à partir du moment où il s’est rapproché du traitement de l’info de qualité et aussi à partir du moment où il a fait le choix de traiter de sujets de proximité.
Le nivellement par le bas ne serait donc pas profitable à long terme. Cette expérience du Parisien grignote le fatalisme défaitiste :le lecteur n’est pas dupe, :les chiffres le montrent D’autre part, à l’œuvre dans la défiance vis à vis de cette presse la distance garantit une possibilité de critique –alors que la télévision fascine, il est de bon ton d’exprimer sa défiance par rapport à la presse écrite. Mais, si Le Monde ment, il ment moins que TF1
3-LA PRESSE (RÉGIONALE ET LOCALE)
ET SON TERRITOIRE
Mais la presse écrite ne se réduit pas à la presse nationale. L’éducation à la citoyenneté constitue également un enjeu majeur en ce qui concerne de la presse régionale ou de la presse locale.
On mésestime souvent l’importance et la valeur de la presse régionale et locale en la cantonnant sur le terrain des faits divers, alors qu’aujourd’hui la presse nationale octroie une place de plus en plus grande à ces mêmes faits divers….
L’exemple de Ouest-France montre que la presse régionale peut être aussi une presse de qualité, même si des critiques peuvent lui être faites. Pourquoi ?
La politique de ce journal consiste à répondre aux besoins de son lectorat, non pas en se contentant des faits divers, mais en fournissant sur les problèmes qui correspondent à des vrais enjeux (économiques ou écologiques ou autres) une diversité d’approche sur une thématique, en surtout en donnant la parole aux différents publics concernés : le journal publie un courrier des lecteurs sans censure . Cette approche permet des débats qui à la fois produisent de l’information et permettent l’expression des positions diverses.
La réussite de Ouest-France sous cet angle est liée à son choix de prendre des jeunes journalistes, de son choix des thèmes concernant un lectorat populaire qu’il ne se contente pas de flatter mais auquel il fournit avec une simplicité de langage une information suffisamment travaillée pour exprimer les enjeux et la diversité des points de vue. C’est en ce sens que le journal fait un véritable travail éducatif.
Pour la presse locale, le recueil d’information est la marque de son implication et dépend de la qualité de ses correspondants.
La difficulté sous-jacente à la presse locale ce peut être la situation de monopole, étant entendu qu’en matière d’information le monopole représente un danger.
Que peut-on faire vis à vis d’un journal qui devient un monopole ?
Le courrier des lecteurs suffit-il comme espace pour faire apparaître une diversité d’approches ?
Il est évident que la presse régionale est une presse qui prend parti, ainsi pour en revenir à Ouest France sa position en faveur de la filière porc en Bretagne n’est pas anodine, puis lorsqu’on s’est aperçu des effets négatifs du porc, la faveur de la filière poulet, montre l’importance de la presse régionale comme appui de modèles de développement ici unilatéral.
PROPOSITIONS
Quelles propositions faire face à cette situation ? Quatre premières pistes principales d’action ont été envisagées. L’éducation apparaît ainsi à sa place comme l’une des trois voies principales. Mais celle-ci ne sera possible
– Éduquer le lecteur et du téléspectateur
– Résister aux médias dominants
– Créer de nouveaux médias, militants et à terme nationaux
– Apprendre à informer les médias (le rôle du citoyen informateurs)
L’éducation du lecteur et du téléspectateur
Des outils pour « apprendre le journal ou la télé »
Un premier niveau d’éducation à la citoyenneté est de favoriser l’apprentissage de la lecture ou d’un regard critiques. Plusieurs mouvements d’éducation populaire ont déjà beaucoup travaillé pour forger des outils permettant d’éduquer le regard du téléspectateur. Les CEMEA ont par exemple mis en place des outils pédagogiques d’analyse de l’actualité (« Apprendre la télé, le JT ».
Le rapport à l’actualité et à l’information est essentiel dans le regard porté sur le monde par les jeunes. Il s’agit pour nous de faire prendre de la distance sur le flux d’informations qui sont diffusées quotidiennement et de démonter les mécanismes qui sous-tendent les grands rendez-vous médiatisés de l’infos que sont les journaux télévisés. : prendre conscience de la mise en scène de l’info, de la hiérarchisation des infos et de leur traitement, des rapports aux publics, tels sont les objectifs que les CEMEA et le CLEMI se sont donnés à travers la conception du DVD-ROM « Apprendre la télé, le JT ». Notre action se traduit alors par la mise à disposition d’outils de formation aux éducateurs, en vue d’une massification de ces usages critiques et distanciés.
Ces outils mis au point gagneraient à être largement diffusés et utilisés e dehors de la sphère scolaire pour sensibiliser les « téléspectateurs moyens »
L’Education Nationale, avec les CLEMI, suscite ce genre d’actions dans des campagnes annuelles comme la semaine de la presse à l’école, qui est l’occasion pour les enseignants d’organiser des lectures comparatives de traitement de l’actualité ou de certains dossiers. Elle favorise le contact de l’école avec les journalistes.
Quel est son effet sur les pratiques de lecture des jeunes ? Sur le développement de leur esprit critique et leur autonomie de jugement ? Ces actions sont trop ponctuelles pour qu’on espère transformer les futurs téléspectateurs en télécitoyens.
Apprendre à lire en faisant un journal
La rédaction d’un journal est par elle-même éducation à la citoyenneté. L’expérience démontre que apprendre à utiliser l’outil presse permet de rompre la fascination pour « le journal » et introduit la distance émancipatrice. La pédagogie Freinet a utilisé très tôt la presse comme outil d’émancipation, d’acquisition de connaissances de maîtrise de l’écrit, de formation à une lecture critique et d’éducation à l’autonomie. Elle a montré la première combien il est formateur et émancipateur de passer de la narration de son expérience à la narration de l’expérience des autres. Ce faisant on devient un lecteur non malléable et plus exigeant. A l’heure d’Internet cette expérience n’a rien perdu de son actualité.
Le journal du forum social européen a été réalisé par le Lycée Suger de St Denis : des lycéens ont rédigé quatre quotidiens pendant la durée du FSE en libre participation. Ils ont bénéficié de subventions, d’une aide technique et se sont beaucoup investis eux-mêmes. Trois conditions ont permis la réussite de cette expérience : le proviseur, les professeurs et les élèves.
A signaler aussi des expériences locales comme URBIS publié par l’agence d’urbanisme de Dunkerque, qui vulgarise des réflexions en matière de développement local, ou des expériences de journaux pour enfants (exemple l’expérience des Dernières Nouvelles d’Alsace…)
Résister aux médias dominants
Tout le monde ne lira pas demain le journal de nos rêves. Il faut aussi dénoncer le fonctionnement des médias, faire prendre conscience à la masse des lecteurs, non lecteurs et téléspectateurs combien ils sont manipulés, conditionnés dans leurs représentations et leur compréhension du monde.
Courrier des lecteurs : réagir, ne pas oublier de réagir
Le courrier des lecteurs est souvent un espace de liberté, un espace de réaction qui fait contrepoids à la rédaction. Il donne à un journal une part de son identité par l’expression de son lectorat. Cet espace à occuper sans retenue. C’est un moyen pertinent de faire connaître son point de vue, son questionnement, ses exigences, c’est le lieu qui reste au citoyen. Certaines revues (Télérama) en ont fait un espace interactif Il n’est pas impensable que la presse écrite constitue un espace d’échange, un lieu de débats. Susciter des débats est de la responsabilité de la presse. L’éducation à la citoyenneté passe pour le public lecteur par la possibilité d’interpeller le journaliste sur son écrit.
A cet égard, il faut se battre pour obtenir que chaque article soit signé et que l’adresse électronique du journaliste, soit précisée.
Participer aux sociétés de lecteurs
De la même manière, les sociétés de lecteurs sont des lieux où il est possible en direct d’interpeller les responsables du journal de s’interroger sur les orientations, de faire des propositions. Sans se faire d’illusions sur le pouvoir réel des assemblées de lecteurs (les vraies décisions se prennent ailleurs) elles constituent des contre pouvoirs parfois efficaces. On sait qu’il peut être très important de freiner des évolutions, d’obliger parfois les tenants de la libéralisation d’un journal à faire des compromis.
Une grève des téléspectateurs ?
Vis-à-vis des télévisions, on n’a pas trouvé la solution et la réflexion doit continuer.
L’atelier a proposé d’initier des actes de désobéissance civile : « aujourd’hui on arrête de regarder la télévision » au niveau local, national, mondial, en expliquant pourquoi et en posant des demandes précises, qu’il faut bien préparer. Des actes de cette nature (votations) ont eu lieu aux États-Unis au moment de l’élection de Bush. C’est possible en Europe.
Créer de nouveaux médias
Créer de nouveaux médias associatifs et militants
Il est aujourd’hui facile de faire des journaux, avec les moyens de communication actuels, dès lors qu’on dispose d’une capacité militante de traitement de l’information. Il faut pour cela constituer une alliance avec des professionnels, des militants, des associations, pour pouvoir dans nos associations, ou dans nos territoires produire de nouveaux journaux, revoir les orientations de journaux existants. Il est possible de faire à coût modique de la qualité en termes d’éducation des citoyens, en remettant au premier rang l’information, et en se préoccupant d’aider à comprendre, de faire circuler les expériences, d’organiser des débats.
Cet objectif peut être mis en oeuvre dès demain. RECIT peut y contribuer, être moteur.
Pour demain, avec d’autres, créer un quotidien national indépendant
Le dernier journal créé qui ait survécu est Libération. Il a commencé de façon militante. Même si on critique Libé, depuis aucun quotidien n’a tenu. Mais les dérives actuelles laissent un espace important du côté des citoyens en manque d’analyses..
Il y a urgence à retrouver un journal qui informe (et pas seulement sur l’hexagonal ou l’européen), relate des faits en avertissant de leur vérification ou de leur vérifiabilité ou de leur véracité, mais aussi un journal qui prolonge les débats, les approfondisse par un travail d’investigation, d’exposé de positions contradictoires, en fasse apparaître les enjeux.
Nous avons la possibilité de tenter à nouveau l’aventure d’un quotidien indépendant des groupes financiers, parce que financé par des souscripteurs en nombre suffisant pour garantir l’indépendance financière du journal.
Les citoyens informateurs doivent apprendre à informer
Peut on faire pression sur les médias pour qu’ils informent mieux ? Ce n’est pas par hasard que seules passent certaines informations. Mais on peut quand même agir, en nouant de liens, en apprenant à informer et en faisant pression.
Se donner les moyens d’informer la presse
Les choses étant ce qu’elles sont, les journalistes sont souvent de bonne volonté, mais n’ont pas le temps de venir chercher l’information. Ils doivent privilégier l’image, mais ne connaissent pas le terrain. Ils ont un impératif de temps, et prendront ce qu’ils ont au moment de boucler. Il faut tenir compte de ces contraintes pour informer les journalistes. Il est possible de faire connaître les actions menées, les présenter sous forme succincte, en mettent en valeur l’essentiel. Nous disposons d’exemples nombreux, de réflexions, de nombreux contacts de personnes à interroger. Les journalistes sont aussi des citoyens, pas très libres, mais souvent désireux de bien faire leur travail. On peut anticiper les demandes d’information. On peut nouer des liens.
Apprendre à parler et à communiquer
Comment répondre à un journaliste lors d’une interview ou d’une action ? Ceux qui ont cette expérience ont souvent vécu des situations qui leur ont posé problème, avec le sentiment de s’être fait « piéger » : « Le journaliste a retenu le secondaire et non l’idée force », « J’ai du répondre à des questions imprévues ». Il serait bon que des formations à la prise de parole, à « comment répondre en 4 minutes à une radio locale » soient proposées aux militants, aux élus et aux responsables d’associations. RECIT commence à travailler là-dessus. Des formations à la communication devraient favoriser un autre rapport aux journalistes et par conséquent un autre rapport des journalistes avec l’information.
Apprendre à écrire un article
De même, des élus, des responsables de mouvements, des militants dans l »événement à rédiger un article. Comment font ils ? Il serait essentiel de proposer des formations sur le thème « écrire un article », afin que les idées et les propositions puisent être reprises, amplifiées. Ne pas oublier qu’un article en influence d’autres.
CONCLUSION PROVISOIRE
Ce texte n’est qu’une restitution partielle d’échanges riches entre membres d’un atelier, concernés à titres divers par l’urgence à stopper les dérives d’une presse en voie d’être reléguée au rang de marchandise. . Il constitue un point de départ pour des réflexions nouvelles.
Les pistes ouvertes méritent approfondissement, précisions, poursuite du débat mais aussi propositions concrètes pour des innovations, utilisation des réseaux pour communiquer les initiatives , les expériences et leurs bilans.
Un groupe « médias et éducation citoyenne » devrait se réunir au cours de l’année 2004-2005 pour préciser les propositions. Tous les lecteurs sont donc invités à nous faire part de leur réflexion et de leur pratique (de lecteur ou de producteur) pour nourrir cette réflexion.