Le scénario de « logique de guerre » se fonde ici sur une invasion de l’Iran par les forces militaires soviétiques,la disparition d’un sous-marin de l’US Navy et le parachutage de commandos américains dans l’ouest de l’Iran font brusquement monter la tension. L’absence de réponse soviétique à un ultimatum américain de retrait de leurs troupes d’Iran amène les USA à un bombardement conventionnel de leur base. Les Russes répondent en utilisant une arme nucléaire antiaérienne qui provoque la perte de nombreux bombardiers B52, les USA ripostent en utilisant un missile nucléaire tactique. Les autorités britanniques mettent progressivement en place des mesures de réquisitionnement ou de gestion de crise de plus en plus drastique.
Comme pour « le jour d’après« , le film alterne et mélange les informations sur l’escalade du conflit avec des scènes de la vie quotidienne de famille parfaitement moyenne, en particulier, celles d’un jeune couple, Ruth et Jimmy, qui décide de se marier et de leurs belles familles.
Ce prologue de trois quarts d’heure s’achève par une représentation du bombardement de Sheffield très convaincante, malgré l’utilisation massive de stock-shots. Explosion, champignon, flash, effet de souffle, incendies et retombées transforment à jamais la petite ville en un gigantesque champ de ruine.
Le film s’attache alors à décrire la vie des survivants dans des conditions dramatiques. De la cellule de commandement locale qui doit faire face à des choix inhumains (doit-on ouvrir les stocks de nourriture à des personnes condamnées à court terme par les radiations) aux habitants de base confrontés eux à l’absence de produits de 1ère nécessité.
Un semblant d’organisation commence à resurgir après quelques semaines. Et les survivants découvrent les nouvelles règles en vigueur, l’argent n’a plus aucune valeur, seule la nourriture compte – les personnes capables de travailler (au déblaiement, à l’incinération des corps) reçoivent un peu de nourriture – Plus il y a de morts, plus il reste à manger pour ceux qui reste.
L’exode des survivants des grandes villes vers les campagnes se généralise, le taux de décès atteint son maximum cinq semaines après les bombes. Le froid du 1er hiver est renforcé par l’effet d’hivers nucléaires, les plus jeunes et les personnes âgées sont touchées en priorité.
Le film procède par bonds temporels successifs pour arriver une dizaine d’années après la guerre à une population anglaise qui a retrouvé son niveau du moyen age (entre 4 et 11 millions de personnes). Le style de vie, lui aussi, c’est considérablement rapproché de celui de cette époque. L’agriculture est redevenue principalement manuelle avec des rendements extrêmement faibles et en conséquence des besoins humains recentrés sur l’essentiel, protection, chaleur, nourriture. L’humanité ne vit guère mieux que dans un camp de réfugiés. Imaginons Haïti aujourd’hui, n’ayant reçu aucune aide internationale. Ca et la, quelques machines rustiques réapparaissent, selon les besoins et les compétences disponibles.
Même le langage à régresser de façon stupéfiante, devenant une espèce de patois novlang totalement frustre. Peut-être encore plus que le downsize matériel, c’est la déshumanisation des rapports entre les personnes qui est angoissante. Encore sous le choc de l’horreur du bombardement et de ses retombées, frappée par des syndromes post-traumatiques massifs et répétés, l’humanité semble revenue beaucoup plus loin que le moyen age.